Billet d’août

Lorsque l’on achète un billet en août, c’est rarement un billet de départ. Nous sommes généralement sur le départ, mais pour rentrer. Rentrer, reprendre ses habitudes, retrouver les contraintes du quotidien, des habitudes perdues depuis quelques jours, quelques semaines, peut-être même quelques mois.

Pendant trois mois il y a eu des petits-déjeuners, des déjeuners, des goûters, des dîners. Seul.e, en famille, entre ami.e.s, avec des inconnu.e.s, en communauté. A table, en forêt, au jardin, au bord de la plage, au restaurant, sur les quais de Seine, sur des aires d’autoroute, dans le train.

Sur le chemin du retour, je pense à ces petites habitudes d’un temps d’été, d’un été 2020 aussi attendu qu’incertain. Un été où pour la plupart nous nous sommes retrouvés.

Alors aujourd’hui à l’aube de cet instant, au bord du précipice d’un nouveau cycle, si je me retourne, parmi tous ces moments partagés à table, je ne vois qu’un mot ENSEMBLE. Etudiante et qui plus est confinée seule, ma table à l’habitude d’être garnie d’une seule assiette : la mienne, garnie par moi-même. Est-ce parce que pendant trois mois j’ai été contrainte à vivre ainsi que cet été a été si rempli ? Jamais mon assiette n’a eu autant de compagnie. Jamais – ou plutôt depuis fort longtemps – on ne m’a autant préparé à manger. Jamais je n’ai vécu de manière aussi condensée des échanges attablés. C’était bon.

En regardant en arrière, je vois ce dernier repas de juillet, repas pour lequel je n’ai pas cuisiné. Repas lors duquel j’ai dégusté du melon avec du jambon serrano, des pâtes bolognaises maison et un tiramisu.

Je vois mon restaurant préféré, où deux fois j’ai été manger pour retrouver les saveurs de la Bretagne, le merveilleux fondant au chocolat et la tarte aux figues fraîches.

Je vois ces pique-niques en bord de Seine où tomates, houmous, concombres, pizzas, salades composées et rosé se battent en duel.

Je vois ces repas familiaux retrouvés, de la pièce de viande cuite avec amour accompagnée de ses pommes de terre sautées, aux apéros charcuterie-fromage-vin rouge en passant par les moules frites, les araignées de mer et les galettes.

Je vois ces repas partagés, au bureau et en communauté, sur ces longues tables en bois garnies à souhait avec ces personnes merveilleuses que l’été m’a fait rencontrer.

Je rentre le cœur et l’estomac serein, prête à continuer, avec l’envie d’avancer, pour un jour autour d’une table, tous les recroisés.

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